
: La civilisation de la vallée de l'Indus :
La Préhistoire :
Env 5500-1900 av JC, la première civilisation connue est désignée sous le nom de civilisation de l'Indus ( ou civilisation Harapéènne) du nom du fleuve qui se trouve actuellement au Pakistan, avec des traces retrouvées d'agriculture et de sites très urbanisés que sont Harrappa et Mohenjo Daro.
La civilisation de l'Indus était très étendue, car elle couvrait les régions actuelles du Panjab, de l'Haryana, du Gujarat, une grande partie du Rajasthan, du Maharashtra et du Cachemire, la partie occidentale de l’Uttar Pradesh, la totalité du Pakistan, et même une bonne partie de l’Afghanistan. Les deux principales cités sont Harrappa et Mohenjo Daro. Les peuples de ces cités étaient des fermiers qui maîtrisaient le blé et domestiquaient une grande variété d’animaux, en particulier ceux constituant le bétail. La poterie y était utilisée vers 5500 av. J.-C. Une autre cité située dans le Gujarat est Lothal près d'Ahmedabad, qui peut encore être visitée. De façon typique, ces villes sont partagées en deux zones : une première comportant une plate-forme de terre surélevée que les premiers archéologues nommeront la citadelle et une seconde, appelée ville basse, composée de maisons et de magasins étroitement entremêlés, séparés par un réseau de rues et d’allées, bien définies, suivant un plan précis. A Mohenjo Daro, la cité la mieux conservée, on a découvert dans la citadelle " le grand bain" (qui pourrait avoir été un bain public), une piscine rectangulaire entourée de galeries. Deux escaliers symétriques donnaient accès au bassin dont l'étanchéité était assurée par des joints en bitume entre les briques. Les grandes villes harappéens se distinguent également par leur taille. En effet la population de Mohenjo Daro comptait jusqu'à 40.000 à 50.000 habitants.
L'économie de l'Indus semble avoir été largement dépendante du commerce, facilité par des avancées majeures dans la technologie des transports : le char tiré par des bœufs, semblable à celui que l'on trouve aujourd'hui dans l'ensemble de l'Asie du Sud, et le bateau. Il y a des indices d'une navigation maritime, les archéologues ont ainsi découvert à Lothal un canal relié à la mer et un bassin artificiel d'accostage. Ce qui a permis des échanges commerciaux avec une immense zone, incluant des parties de l’actuel Afghanistan, du Nord et du centre de l’actuelle Inde et s’étendant des régions côtières de la Perse à la Mésopotamie. Les Harappéens ont développé un système de poids et mesures et un art très développé sous la forme de la terre cuite et de figurines en bronze. Les reliques récupérées, comme des chars à bœufs et des bijoux, offrent la première preuve d'une culture distinctive des Indiens. En effet, de nombreux éléments de la culture harappéenne seront plus tard assimilés à l'hindouisme: les figurines d'argile trouvées sur ces sites suggèrent le culte d'une déesse mère (plus tard personnifiée comme Kali) et un mâle à trois faces comme un dieu assis dans l'attitude d'un yogi (Shiva préhistorique ) en présence de quatre animaux. Des piliers de pierre noire (associé au culte phallique de Shiva) et des figures animales (la plus importante étant le taureau à bosse, plus tard montage de Shiva) ont également été découverts. Vers 1900 av JC, la civilisation de l'Indus entre en déclin probablement du à un boulversement climatique. Une autre cause possible du déclin de cette civilisation peut avoir été l'irruption de guerriers au nord ouest de l'actuelle Inde qui auraient provoqué une rupture des relations commerciales avec les autres pays.
: Premières invasions et la montée des religions :
Les Aryens :
Environ 1500 av JC, suite au déclin de la première civilisation, les Aryens originaires d'Asie centrale se seraient implantés dans la vallée de l'Indus amenant avec eux leur langue le védique d'où est dérivé le sanscrit, leur religion le védisme et leurs textes sacrés les Védas qui jettent en particulier les bases de l'hindouisme.
La civilisation de l'Indus est tombée en déclin depuis le début de la du 2ème millénaire avant JC. Deux théories s'opposent sur la suite à donner à cette époque. Certains historiens attribuent la fin de l'empire Harapéen à un changement climatique radical qui serait du en partie au détournement et à l’assèchement de certaines rivières, affluents de l’Indus, notamment la Sarasvatî, disparue sous le désert du Thar, encore présente sous forme d’une immense nappe phréatique ou d’un fleuve souterrain. Cette première théorie avance le fait que les Aryens (à partir d'un mot sanskrit signifiant noble) étaient en fait les premiers habitants de l'Inde et que la théorie de l'invasion a été inventée par l'auto-service des conquérants étrangers. Car au moment des colonies, tout était fait pour diviser l’Inde en aryen et dravidien, Nord et Sud, hautes et basses castes, afin d’encourager les conversions au christianisme et de justifier la présence britannique «civilisatrice» en Inde.
L'autre théorie, la plus durable et celle qui marque tous les livres d'histoire des écoliers indiens, est que l'invasion aryenne a mis fin aux Harapéens. Cette invasion destructrice ne peut être totalement exclue et les épisodes analogues que connut l’Inde si souvent au cours des siècles ultérieurs tendent même à la confirmer.
C’est donc dans un contexte de déliquescence de la civilisation urbaine de l’Indus que, vers 1500 av JC, les Aryens (peuple indo-européen venu d’Asie centrale) ouvrent la deuxième grande phase de l’histoire de l’Inde. Ils colonisent l’Inde du nord, lui imposent leur langue (le sanskrit), leur religion (le védisme), mais surtout leur modèle idéologique fondé sur la classification de la société en quatre ordres fonctionnels : les prêtres (brahmanes), les guerriers, les producteurs et les serviteurs. Le veda, recueil de textes sacrés remontant à environ 1200 av JC, évoque cette civilisation remarquable dont certaines caractéristiques, notamment l’hindouisme, se mettent alors en place.
Progressivement, les populations arya s’installent dans la vallée du Gange, dans un vaste espace qui deviendra dans les siècles suivants le domaine des constructions impériales, le cœur de la civilisation sanskrite et qui correspond aux régions où est aujourd’hui parlée la langue hindi. En se répandant vers le Deccan (ce que rapporte le Ramayana), ils poussent les peuples dravidiens vers l’Inde du sud et vers l’Asie du sud-est.
Ils instaurent de grandes entités politiques régionales, les Janapadas, qui découpent l’Inde du Nord. Le commerce maritime avec la Mésopotamie leur apporte une nouvelle forme d’écriture, alphabétique, la brahmi. La diffusion du modèle politique perse suscite une première vocation impériale de la part des princes du Magadha (région qui assure le contrôle de la navigation sur le Gange), avec une première dynastie historiquement attestée, celle des Haryankas, qui s’affirme de 575 à 410 av JC. Dans ce contexte de redéfinition des équilibres de l’ordre indien s’élaborent deux «réformes» de l’hindouisme, qui donnent naissance à deux grandes doctrines. Celles-ci vont structurer l’autre volet de la pensée indienne : celui du renoncement, de la non-violence et du détachement, grâce à l’organisation de communautés monastiques. Le bouddhisme de Shakyamuni (563-470 av JC) deviendra la religion de référence de l’Extrême-Orient, alors que le jaïnisme de Mahavira (540-468 av JC) restera indien et minoritaire.
: L'Empire Maurya et ses conséquences :
Les Mauryas :
Entre 264 et 226 av JC, le roi Ashoka de la dynastie Maurya poursuit l'unification des royaumes du nord de l'Inde. Il se convertit au bouddhisme, imité par une grande partie de la population. La dynastie Maurya est à son apogée, mais à sa mort en 185 av JC, l'empire se disloque, les brahmanes restaurent les lois védiques.
Les Andhras, les Shungas, les Kushanas :
Après la chute définitive des Mauryas, le sud devient indépendant sous l'Empire des Andhras alors que les Shungas reprennent le coeur de l'empire Maurya. Après une période confuse, les Kushanas avec leur souverain Kanishka remplacent les Shungas au nord, le sud restant toujours sous l'influence des Andhras
Fondé par Chandragupta Maurya vers 320 av. notre ère, l’empire de la dynastie Maurya contrôle la quasi-totalité du sous-continent indien, depuis le Pakistan jusqu’au Bengale, des contreforts de l'Himalaya jusqu'au sud du continent, sauf la pointe de la péninsule indienne. Le nord-ouest de la péninsule est pour sa part en proie aux campagnes d’Alexandre le Grand, lequel, vainqueur des Perses, s’empare du Pendjab en 326 av. J.-C. Ses successeurs, les dynastes grecs de Bactriane, occupent l’Inde du nord-ouest jusqu’à Delhi ; de leur conversion au bouddhisme naît la civilisation gréco-bouddhique du Gandhara (région comprenant aujourd’hui le nord-est de l’Inde, une partie du Pakistan et l’Afghanistan). La conquête grecque du nord-ouest de la péninsule a pour conséquence de laisser le champ libre à l’est pour les souverains du Magadha. En 321 av. J.-C., Chandragupta tue le dernier représentant des Nandas et s’empare du royaume de Magadha, avant d’étendre son autorité vers le sud, jusqu’à la Narmada. Ses descendants poursuivent la conquête jusqu’aux plateaux du Mysore, l’extrême sud de la péninsule ne se soumettant que sous le règne d’Ashoka (v. 273-232 av. J.-C.). Le bouddhisme devient alors la religion dominante de l’empire. Ses préceptes sont enseignés dans des universités telles que celles de Nalanda et Taxila. Le rayonnement de l’empire Maurya est considérable ; l’armée, forte de plusieurs centaines de milliers d’hommes, assure sa stabilité politique.
L’organisation de la société, hiérarchisée en castes, y contribue aussi fortement. Dans la capitale impériale, Pataliputra (actuelle Patna), baignée par le Gange, se dresse alors un superbe palais, dont les vestiges témoignent de l’influence de la Perse. Après la disparition d’Ashoka, l’unité de l’empire Maurya se révèle finalement assez fragile. Plusieurs dynasties se succèdent à la tête d’un empire de plus en plus réduit. Cette période est également marquée par la cabale qui aboutit à la contestation du bouddhisme et à l’avènement du brahmanisme, entre 184 et 72 av. J.-C.
Malgré la multiplicité des pouvoirs en place ( les Sungas, les Kanvas, les Shakas et les Kushanas), c'est une période de développement intense. Le commerce avec l'Empire romain (par voie terrestre, et par mer à travers les ports du sud) est devenu important au cours du 1er siècle après JC, il y avait aussi les échanges terrestres avec la Chine.
: L'âge d'or des Guptas :
Les Guptas :
Entre le IVème et Vème siècle, les Guptas règnent sur le nord du territoire. C'est une période faste pour l'économie et la culture. L'invasion des Huns au Vème siècle met à mal l'unité de l'empire des Guptas.
L'Inde du IIIème siècle ap. J.-C. est divisée en de nombreux petits états qui se disputent les terres de la grande plaine Indo-Gangétique (plaines des fleuves Indus et Gange). La famille des Guptas règne sur un petit état dans la vallée du Gange dont ils sont mahârâjas. Le premier d'entre eux règne vers la fin du IIIème siècle. En 319 ap. J.-C., Chandragupta monte sur le trône et fonde la dynastie des Guptas. Par un heureux mariage politique, il est devenu l'allié d'une grande famille et le maître de la grande ville de Pâtaliputra (aujourd'hui Patna). Il s'emploie alors à conquérir les états voisins et domine une partie de la vallée du Gange. Il prend le titre de mahârâja-adhirâja (« roi des rois »). Ses successeurs étendent ses conquêtes : l'Empire gupta au début du Vème siècle domine toute l'Inde du nord et les royaumes vassaux s'étendent jusqu'à l'Indus et au Tibet. L'Empire gupta est sous l'autorité du souverain, qui prétend à la domination universelle au nom des dieux et est assisté d'un premier ministre qui dirige l'administration. L'empereur est théoriquement issu de la caste des kshatriya (guerriers) et s'appuie sur la caste des brahmanes (prêtres) pour légitimer son pouvoir. L'Empire est en fait peu centralisé, organisé en cercles (« mandalas ») depuis la capitale : les provinces sont souvent administrées de façon assez autonome. Et les royaumes vassaux conservent leurs institutions.
Cette tolérance politique se retrouve dans la religion. La religion de l'Inde classique est l'hindouisme, une religion polythéiste qui s'appuie sur les Védas (textes sacrés). Selon cette religion, les hommes à leur mort se réincarnent en renaissant dans un autre corps ou un animal. Les empereurs guptas impriment leur marque sur l'hindouisme. Ils développent le culte de la Triade : Brahma, le créateur du monde, Vishnu, le protecteur du monde, Shiva, le destructeur du monde. Chandragupta prendra le titre de « défenseur de Vishnu ». L'Empire gupta semble avoir permis la cohabitation de différentes religions. Outre les divers courants de l'hindouisme, d'autres religions ont droit de cité, tel le jaïnisme, très ancienne religion non-violente et ascétique et le bouddhisme, souvent patronné par des souverains vassaux, mais dont on peut trouver des temples dans les capitales guptas. Le bouddhisme se diffuse largement en Asie à partir de l'Inde.
La période gupta est souvent assimilée à un « âge classique », ou un « âge d'or » de la culture indienne ancienne, en raison des réalisations remarquables qui sont datées de cette époque en mathématiques (apparition du zéro, qu'ils transmettront aux Arabes, et le système de numération décimal)), en astronomie (explication des eclipses de soleil et de lune) , en littérature (le sanskrit), au théâtre (œuvres de Kâlidâsa). Les arts sont essentiellement d'inspiration religieuse, notamment bouddhiste : on représente les dieux et le Bouddha. Le développement de l'architecture et de l'art religieux dépasse d'ailleurs les frontières de l'Empire, se répand dans les royaumes vassaux et au-delà, vers l'Asie centrale et l'Asie du sud-est. S'il est désormais évident que ces accomplissements sont largement tributaires de ceux de la période les précédant, leur importance dans l'histoire de la civilisation indienne et leur rayonnement sur les pays voisins sont indéniables.
: Le Sud hindoue :
L'époque médiévale :
Entre le VIème et XIème siècle, les puissants rois Chalukyas après avoir défait les Pallavas, régnent en maître dans l'état actuel du Karnataka, plus au sud les dynasties Chera et Pandya et surtout Chola vont règner alors que le nord est partagé entre plusieurs royaumes indépendants : les Pallas au Bengale, les Rajpouts au Rajasthan,...
Mais l'Islam gagne du terrain avec des incursions répétées des musulmans. L'an 1206 marque le début du sultanat de Delhi qui durera jusqu'en 1526. La domination musulmane s'étend sur tout le nord de la péninsule.
Le sud de l'Inde a toujours revendiqué sa propre histoire. Isolée par la distance des développements politiques dans le nord, un ensemble distinct de puissants royaumes émergent, parmi eux les Shatavahanas, les Kalingas et les Vakatakas. Mais c'est à partir des territoires tribaux sur les plaines côtières fertiles que les plus grands empires du sud sont nés: les Cholas, les Pandyas, les Chalukyas, Cheras et Pallavas.
Le centre du Karnataka actuel fut le lieu d’émergence de la dynastie des Hoysalas qui régna, à partir de Belur, du Xe au XIVe siècle. D’abord tributaires des Chalukyas plus au nord, ils finssent par établir leur propre empire et deviennent de prolifiques bâtisseurs. Leur architecture se veut un amalgame des styles dravidiens et indo-aryens. Elle est caractérisée par le mandapa (salle avec un plafond soutenu par des colonnes). Le mandapa forme la pièce la plus grande du temple avec un plafond richement décoré des figures de la mythologie hindoue. Le treillage figure également de caractéristique récurrente des temples Hoysala. Le vimanan désigne la pièce où réside la divinité tutélaire. Les murs sont gravés des épisodes du Ramayana et du Mahabharata. On retrouve aussi dans les recoins et niches de ces murs des thèmes érotiques. Les temples les plus visités de cette dynastie se trouvent à Belur, Halebid et Somnathpur.
Au Tamil Nadu, la dynastie Chola supplante la dynastie Pallava et régne du IXe au XIIIe siècle. Elle laisse un héritage durable grâce à son soutien à la littérature tamoule et à son zèle pour la construction de temples. Les Cholas sont à l’origine d’une forme centralisée de gouvernement et instaurent une bureaucratie disciplinée. Sous leur gouverne, les temples, en plus d’être des lieux de culte, deviennent des centres d’activité économique. Les temples remarquables des Cholas sont construits selon les règles prescrites dans le Vastu Shastra et dédiés la plupart du temps à Shiva ou Vishnu. Ils sont caractérisés par leurs énormes gopurams (portes d’enceinte des temples en forme pyramidale) décorés d’une profusion de sculptures de divinités ou de figures mythiques, de magnifiques vimana (tour surmontant le sanctuaire) et mandapas.
Une autre caractéristique de l’art Chola est le travail du bronze. Leurs statuettes sont d’une beauté exquise, avec une attitude et expression du visage très explicites et un corps gracieux. Souvent, les personnages sont sculptés en train d’effectuer un mouvement. On pourra admirer quelques-unes de ces statuettes au musée du palais de Tanjore, à quelques kilomètres d’un des plus beaux temples de la dynastie Chola, le temple Brihadishwara.
L’empire Vijayanagar régne sur le Deccan de 1336 à 1646, environ trois siècles, bien que son pouvoir ait fortement décliné à partir de 1565 suite à sa défaite aux mains des sultanats du sud de l’Inde. C’est la capitale de l’empire, Vijayanagar, qui donne son nom à celui-ci et dont les ruines se trouvent aujourd’hui à Hampi, site inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Cet empire laisse un héritage riche en monuments dans toute l’Inde du sud.
Les monuments de l’empire Vijayanagar représentent un mélange hybride ou l’on retrouve des éléments de l’architecture Chalukya, Hoysala, Pandya et Chola. Ces mélanges aboutissent avec le temps à un style unique, le style Vijayanagar. Alors que les temples des quatre siècles précédents étaient construits avec du schiste ou de la stéatite (pierre de savon), ceux de l’empire Vijayanagar utilisent le plus souvent du granite, matériau beaucoup plus dur. Les temples sont entourés d’enceintes fortifiées. Les temples les plus gros possèdent des gopurams de même style que ceux des temples Chola. Les piliers sont finement décorés avec des gravures et des hippogriffes (chevaux ailés) de 2 à 3 m de haut. Des sculptures d’éléphants sont disposées aux entrées de chaque côté du temple.
Le temple Sri Ranganathaswamy à Trichy représente un exemple remarquable de l’architecture Vijayanagar. Un des plus grands temples de l’Inde, il s’étend sur une surface de 630,000 m² , il est protégé par sept murs concentriques et possède 21 gopurams et un mandapa à 1000 piliers.
: Le Nord musulman :
Alors que l'Inde du sud garde son caractère résolument hindoue, l'Inde du nord est bouleversée par l'invasion au nord ouest d'armées musulmanes.
Les conquêtes musulmanes des Indes commencent, en 711-712, avec l'invasion du Sind par les Arabes, se poursuivant au XIème siècle et au XIIéme siècle avec celle des Turcs et des Afghans attirés par les richesses des hindous et s'achève avec l'empire moghol au XVIème siècle.
:La conquête du Sind par les Arabes (713):
Il existait, avant même l’apparition de l’islam, des relations commerciales très anciennes entre le sous-continent indien et la péninsule Arabique.
En 713 le Sind (région inférieure de l’Indus, au sud de l’actuel Pakistan, qui était dominée par un roi hindou) est conquis, par une petite armée de soldats syriens sous les ordres d’un général arabe, et entre dans l’empire des califes. Les soldats prisonniers sont décapités et toute la région est pillée. Cependant, après ces violences initiales, les hindous et les bouddhistes obtiennent la liberté de pratiquer leur religion (statut de « protégés », dhimmîs) en payant une taxe (jiziya).
Aux IXe et Xe siècles, le Sind est dominé par une dynastie arabe locale, pratiquement indépendante du califat abbasside. La culture arabe y fleurit.
En 965, des Ismaéliens (secte musulmane chiite originaire du Yémen) s’emparent de la ville de Multân au Punjab, puis dominent toute la région. Le Coran est traduit en sindi. Cette période est marquée par l’essor d’échanges commerciaux et culturels avec le Moyen-Orient.
:les Turcs et les Afghans:
Les Ghaznévides sont la première dynastie turque iranisée (962-1186) fondée par Mahmud de Ghazni (chef de guerre qui a pris le titre de sultan) et basée en Afghanistan. À partir de 1005, ils dominent la vallée de l’Indus pendant près de cent cinquante ans. Lahore, fondée en 1022, est la première capitale musulmane indienne. Mahmud de Ghazni est resté célèbre pour avoir lancé plusieurs raids dévastateurs en Inde (un raid atteint Delhi en 1018, et un autre détruit le temple de Shiva à Somnâth dans le Gujarat en 1026). Son principal but est de remplir son trésor et se procurer des esclaves ; il ne s’agit pas pour lui d’établir en Inde un état stable. Durant cette période le soufisme (courant mystique musulman) commence à se répandre dans le sous-continent indien.
Au milieu du XIIe siècle, les Ghaznévides sont supplantés par une dynastie turque d’Afghanistan, les Ghûrides (1186-1206).
Le sultan Muhammad de Ghûr (ou de Ghor) défait, en 1192, l’armée des Rajputs (caste guerrière hindoue qui domine la région entre le Gange et la côte ouest) et s’empare de Delhi, puis du Bengale en 1205. À sa mort en 1206, les Turcs contrôlent la plus grande partie du bassin du Gange.
: Les Moghols :
La dynastie des Moghols :
Les Moghols, de religion musulmane, arrivent en Inde au XVème siècle et fondent un empire qui va durer plus de trois siècles (1526-1857). Baber en est le fondateur, son fils Humayun renforce le pouvoir impérial, mais c'est sous Akbar (fils d'Humanyun) dit "Le Très Grand" que l'empire moghol prend toute sa grandeur, succèdent Jahangir qui doit faire face à des rébellions et son fils Shah Jahan connu pour être le bâtisseur du Taj Mahal. Shah Jahan est jeté en prison par son fils Aurangzeb qui persécute les hindous ce qui provoque de nombreux soulèvements. Par la suite, l'empire moghol entre dans une phase de déclin.
Baber (1483-1530), qui se dit descendant de Tamerlan par son père et de Gengis Khan par sa mère, est, au début de son ascension, le souverain d'un petit état qui a des ambitions territoriales en Asie centrale. Fin diplomate et bon administrateur, Baber réussit à consolider durablement ses conquêtes. Il jette les bases de la restauration d'un ordre impérial qui va durer plus de deux siècles et engendrer une civilisation très brillante. Il est nommé moghol, c’est-à-dire mongol, parce qu’en Asie centrale tout chef de guerre de quelque envergure se réfère au souvenir de Gengis Khan. Au terme de trente-cinq ans de raids aux fortunes diverses (1525-1561), les successeurs de Baber conquièrent l'Inde.
Parmi ceux-ci s'impose Akbar (1542-1605), le petit-fils de Baber. C'est à lui qu'il revient de mettre fin au dernier grand état de l'Inde du Sud, le Vijayanagar, en 1565. L’empereur Akbar, transfère sa capitale de Delhi à Agra, puis édifie non loin une nouvelle ville: Fatehpur Sikri. Avec lui commence le temps des "Grands Moghols", empereurs esthètes et mécènes, sous les règnes desquels l´Inde voit s´épanouir une brillante civilisation dont l´opulence et le raffinement deviennent légendaires.
À Akbar succède Jahangir, son fils aîné, qui règne de 1605 à 1627. Ensuite, le trône est occupé par Shah Jahan, dont la réalisation majeure est le mausolée du Taj Mahal, élevé en mémoire de son épouse Mumtaz Mahal. Ce règne est relativement pacifique. En 1657, Shah Jahan tombe malade et veut abdiquer en faveur de son fils Dara. Mais un autre fils, Awrengzeb, se fait proclamer empereur (1658) ; Dara est capturé, torturé, exécuté avec tous ses enfants, tandis que Shah Jahan, enfermé dans le fort d’Agra, finit ses jours les yeux fixés dans le lointain, sur le Taj Mahal. C’est un monstre qui accède alors au trône. Inculte, méprisant les arts, il interdit chant, musique, danse, poésie, peinture. Austère, il s’habille de laine ou de coton et mange dans de la vaisselle en terre cuite. Bigot, il ne veut construire que des mosquées. Le long règne d'Aurangzeb est émaillé de nombreuses et sanglantes révoltes. Sikhs, Rajpoutes, mais surtout Mahrattes se rebellent à tour de rôle, et finissent par affaiblir la puissance militaire d'Aurangzeb. D'une foi islamique intransigeante, moins enclin au compromis que Shah Jahan, le dernier des Grands Moghols ne parvient plus à contrôler son immense empire, qui s'étend du Penjab à la pointe sud de la péninsule indienne.
: Les Rajputs et les Marathes :
Tout au long de la période moghole, il ne reste plus de fortes puissances hindous, à part les Rajputs. Centré dans le Rajasthan, la majeure partie des Rajputs appartient à la caste des Kshatriyas. ils se sont trouvés confrontés à la plupart des invasions qu'il a connues, en particulier celles des Arabes et des Moghols. Les Râjputs sont probablement en partie des descendants d'envahisseurs, en particulier des Huns hephtalites ou Shvetahûna, peut-être de Kouchans et de Scythes, assimilés plus tard par les brahmanes à des Kshatriyas en remerciement pour leur lutte contre l'islam. Malgré leur vaillance sans conteste, leurs origines diverses les empêchent de s'unir efficacement contre l'invasion musulmane tout d'abord, puis contre les prétentions mogholes. Après l'épisode marathe, ils acceptent pourtant assez facilement la domination britannique durant le Raj qui stabilise les dynasties, leur assurant une pérennité qu'elles n'ont jamais vraiment connue auparavant.
Comme son nom l'indique, l'Empire Marathe, sursaut hindouiste contre le pouvoir des Moghols, trouve son origine dans la région qui forme maintenant l'état du Maharashtra.
Au XVIIème siècle, Shivâjî Bhonslé dirige une rébellion contre l'empire Mogol. Sous son règne et sous celui de son fils Sambhaji, le territoire marathe s'étend sur la vallée du Gange et une grande partie de l'Inde centrale.
Après la mort de Shivajî, Aurangzeb marche sur le Deccan avec l'intention d'en finir avec l'Empire marathe. Neuf années de guerre s'ensuivent qui s'achèvent par la capture de Sambhaji et sa mise à mort. Son frère cadet, Rajaram, lui succède et cherche à venger la mort de son aîné durant les dix années qui suivent, jusqu'à sa propre mort. Sa veuve déplace la capitale de l'empire à Kolhapur et continue son combat.
Au décès d'Aurangzeb, en 1707, le combat marathe s'éteint après 30 ans de lutte sans discontinué contre le pouvoir moghol. Shâhû, le fils de Sambhaji, qui avait été élevé par les Moghols, est rendu à son peuple à la mort de l'empereur. Il installe au poste de peshwa, (premier ministre), Bâlâjî Vishwanâth (1713-1720), qui l'avait aidé à être reconnu comme Chhatrapati, chef des Marathes.
À la mort de Bâlâjî, son fils, Bâjî Râo Ier (1720-1740) lui succède au poste de peshwa, et le poste de peshwa devient héréditaire. Bâjî Râo s'empare de tous les pouvoirs en 1727, et à partir de cette date, les descendants de Shivajî n'ont plus qu'un rôle honorifique. Il renforce la positon des Marathes en faisant la conquête du Nizâm, en prenant le contrôle du Mâlvâ et du Gujarat et en nouant de nombreuses alliances.
Bâlâjî Râo (1740-1761) succède à son père au poste de peshwa. Shâhû meurt sans enfant et Bâlâjî Râo prend la tête de l'empire, en 1748, après s'être débarrassé des derniers prétendants au trône. Il transfère la capitale à Pouné, réorganise l'état et charge son cousin Sadâshiva Bhâo de l'administration de son gouvernement. Cependant les Marathes alliés aux Sikhs sont vaincus à la bataille de Pânipat par les Moghols conduit par l'Afghan Abdâlî ; Bâlâjî Râo et son fils aîné Vishvas Râo y perdent la vie.
Après avoir été défaits par les Britanniques, les Bhonsla s'installèrent vers 1840 à Nâgpur et régnèrent sur l'état de Nâgpur jusqu'à ce qu'il soit annexé, en 1853, par la Compagnie anglaise des Indes orientales.
Les Britanniques ne sont pas la première puissance européenne à arriver en Inde, et ils ne sont pas les derniers à la quitter.
En 1740, les Portugais, les Néerlandais, les Anglais et les Français fondent tous des colonies mais les possessions françaises sont cédées à la Compagnie anglaise des Indes orientales à la suite de la Guerre de Sept ans. L'effondrement de l'empire moghol entraîne un vide du pouvoir que la Compagnie anglaise des Indes orientales viendra combler. Si les Britanniques ne disposent au départ que de quelques comptoirs, ils prennent rapidement le contrôle de la riche province du Bengale et poursuivent leur expansion à partir de là.
: L'Inde britannique :
La colonisation Britannique :
Au XVIIème siècle, plusieurs pays européens (Angleterre, France, Pays-Bas,...) fondent leur propre Compagnie des Indes pour commercer. Les Anglais et les Français finissent par s'affronter. Les Anglais vainqueurs, concèdent quelques enclaves aux Français alors que les Hollandais s'implantent en Indonésie. Doté d'une armée efficace, l'expansion britannique n'a de cesse soit par des opérations militaires, des pressions sur les principaux princes ou par de simples annexions jusqu'à englober un vaste territoire d'un seul tenant. Certains états sont gérés directement par les Anglais, d'autres laissés aux pouvoirs de princes indiens fidèles.
En 1857, les Anglais doivent faire face à la révolte des cipayes, les prémisses d'une conscience nationale face aux méfaits de la domination britannique.
Mais c'est à partir de 1917 avec Gandhi, que le combat pour l'indépendance prend de l'ampleur. Gandhi prône la non-violence et la désobéissance civile face à la répression de l'occupant britannique.
L'Angleterre est présente en Inde dès le XVIIème siècle par le biais d'une compagnie commerciale "l'east India Cie". En 1857, les soldats indigènes se révoltent contre les autorités britanniques, c'est la révolte des cipayes. Les peuples de l'Hindoustan (de la plaine du Gange au nord de l'Inde) se retrouvent ruinés par la tyrannie et l'oppression des Anglais. Les britanniques ont monopolisés le commerce de toutes les marchandises de qualité et de valeur, telles que l'indigo, les textiles, ne laissant que des bagatelles aux gens du pays qui sont de plus taxés. Sous le gouvernement Britanniques les autochtones employés dans les services civils et l'armée ne recoivent que peu de considération. En 1858, après cette révolte, l'Inde est placée sous administration directe de la Couronne, à l'exception des états princiers qui conservent un semblant d'autonomie. En 1877, Victoria est solennellement proclamée impératrice des Indes. Aux Britanniques, l'Inde offre ses richesses (coton, thé, jute...), ses marchés, ses hommes.
: La route vers l'indépendance :
Le désir chez beaucoup d'Indiens d'être libre de la domination étrangère augmente. Les notables indiens se regroupent dès 1887 dans le Congrès national et réclament le "self-government" ( l'autonomie), mais ils se heurtent à l'intransigeance de Londres.
Des divisions apparaissent hélas au sein du Congrès. Les musulmans, très minoritaires dans le pays, ne supportent pas l'idée d'être dirigés par une majorité hindouiste. Dès 1906, ils créent une Ligue musulmane pour promouvoir l'idée de la partition administrative du pays. En 1909, ils obtiennent le " communalisme ", c'est-à-dire la division d'une nation pourtant unique en communautés autonomes distinctes, avec des représentations musulmanes séparées dans les différents conseils élus.
La Première Guerre mondiale n'a pas éteint les revendications nationalistes, bien au contraire, surtout pour les musulmans qui se perçoivent dans le camp des Turcs, donc des Allemands et des ennemis de l'Angleterre. Un "India Act "en 1919 dote l'Inde d'une Constitution, de gouvernements provinciaux et d'assemblées représentatives locales (distinguant encore musulmans et hindouistes). Ce n'est encore pas assez. En 1920, le Congrès définit un " programme d'indépendance à l'intérieur de l'Empire si possible, à l'extérieur si nécessaire ". L'avocat hindou Gandhi devient à cette époque le chef incontesté du mouvement indépendantiste. Prônant la non-violence et le retour aux artisanats traditionnels de l'Inde, il est arrêté, mais sa parole fait son chemin au-delà des murs des prisons anglaises.
Nehru devient président du Congrès en 1929. Gandhi, libéré, a de plus en plus d'audience. Un compromis semble possible avec les Anglais au début des années 1930, mais le refus des musulmans de toute solution démocratique le met en échec. Les pourparlers n'aboutissent qu'à l'attribution d'une nouvelle Constitution et d'un statut faisant de l'Inde une " fédération d'états ". Protestation de la Ligue musulmane, qui réclame en 1940 la création d'un état purement musulman, le Pakistan, au nord du pays.
Le Congrès tente d'utiliser la Seconde Guerre mondiale comme un outil de plus pour parvenir à l'indépendance : soutien à la guerre contre accès à l'autonomie.
Après d'incessants pourparlers, l'Angleterre promet en 1942, en échange d'une coopération à l'effort de guerre britannique, un statut de dominion (comme l'Australie ou le Canada)… donné après guerre. Une proposition rejetée aussi bien par la Ligue musulmane que par le Congrès, qui fait bloquer toute livraison à l'Angleterre. Riposte immédiate : tous les dirigeants du Congrès sont arrêtés le lendemain, 60 000 opposants dans les six mois qui suivent.
: Indépendance et partition de l'Inde :
L'indépendance de l'Inde :
Ce n'est qu'en 1947, que l'Empire des Indes obtient son indépendance, deux états sont créés : la République de l'Union Indienne avec Nehru à sa tête et la République Islamique du Pakistan. Cette partition entraine le déplacement de millions de personnes avec des affrontements communautaires, une tragédie qui affectera beaucoup Gandhi. Le Pakistan et l'Inde n'auront de cesse de s'affronter au sujet du Cachemire jusqu'à aujourd'hui. D'autant plus inquiétant que les deux pays possèdent l'arme nucléaire.
En 1945, le vice-roi est chargé de réaliser l'accès à l'autonomie de l'Inde. Un gouvernement provisoire est mis en place fin 1946, mais la Ligue musulmane, qui réclame la participation du pays, refuse d'y participer et déclenche le Direct Action Day, une journée qui se solde à Calcutta par d'effroyables massacres d'hindouistes par les musulmans: 5000 morts, 15 000 blessés. Et la scène se reproduit dans d'autres villes, des régions entières se retrouvent dans un état proche de la guerre civile. Arrivé en mars 1947 en Inde, le nouveau vice-roi, lord Mountbatten, considère qu'il y a urgence : il va réaliser l'autonomie de l'Inde en moins de cinq mois alors qu'il était venu pour la constituer en cinq ans. Il va convaincre Gandhi et Nehru d'accepter la partition du pays et la création du Pakistan. C'est un géographe et juriste anglais, sir Radcliff, isolé dans un bureau à l'écart des pressions, qui va dessiner les frontières séparant les deux nouveaux états, à partir des rapports des administrateurs sur la composition (majorité musulmane ou non) de chaque village. Le 15 août 1947, l'indépendance est proclamée. Mais pas dans le calme. Commence en effet un incroyable chassé-croisé de populations, les hindouistes du nord quittant le Pakistan pour l'Inde par peur des massacres musulmans, les musulmans de l'Inde montant vers le nord par crainte des représailles hindouistes : dix à quinze millions de personnes vont chercher refuge, dans un sens ou dans l'autre, de l'autre côté de la nouvelle frontière, et les affrontements en cours de route vont faire plus de 250 000 morts.